Premier retour d'expérience sur la vie en forêt


La diversité et la santé sont dans le sauvage 

cueillette de plantes sauvages à la fin de l'été à Uchon

Dans les pays tempérés, la forêt offre des ressources généreuses, le tout est de pouvoir les récolter et les conserver. L'abondance étant là, le challenge réside donc plus dans la capacité à stocker des réserves en grande quantité et dans de bonnes conditions, à l'abri de l'humidité. La lactofermentation, le séchage et des greniers aménagés sont essentiels à une vie sédentaire dans le Morvan pendant les longs mois d'hiver humides et froids.

lactofermentation

Voici ce dont nous pouvons déjà témoigner de notre cheminement, pour ces 3 premières années de vie dans les bois, combinées entre cueillette sauvage, producteurs locaux et magasins bio.



Nous recensons et consommons aujourd'hui +260 plantes et champignons comestibles différents. La Paraculture est une pratique résiliente de culture-cueillette régénérative. Les ressources sauvages comestibles, indigènes ou naturalisées, sont multipliées directement dans leur milieu naturel, sans domestication. Elles sont naturellement présentes et spontanées. Les humains en favorisent l'abondance pour se nourrir à leur faim.

lactofermentation d'orpin à la bruyère, au thym et à l'euphraise

Nous marions ces plantes sauvages avec quelques plantes cultivées qui peuvent se naturaliser, avec une grande préférence pour les légumes vivaces ou qui se ressèment toutes seules. Tomates, pomme de terre, goji, topinambour, tournesol, courgettes, courges, oignons, radis, choux, carottes, panais, persil, céleri, fenouil, rhubarbe, avoine, sauge, menthe ainsi que des arbres fruitiers (pomme, poire, pêche, kaki, asiminier, mirabellier, cormier, figuier, poivrier, pacanier ) qui produiront dans quelques années.

panier de récoltes entre plantes sauvages et plantes cultivées subspontanées, ici sauge, pomme de terre, origan, céréales anciennes de bourgogne.

Notre découverte a été l'optimisation des toilettes sèches en "cacaquinière", une pépinière par voie digestive pour les pépins et les graines dites "endozoochores" (qui passent par le tube digestif des animaux), la valorisation du fumier humain en humus (le fumain) pour le potager, tout en fournissant un formidable bain de toilettage à sec et de camouflage olfactif aux poules, qui trompent ainsi les prédateurs.

pied de tomate issu d'un semis par voie digestive dans la Cacaquinière 

Nous consommons +260 plantes sauvages et champignons


cueillette de baies de sureau

Pendant la période végétative, le cueillette et l'alimentation crue suffisent à se nourrir quotidiennement et à recevoir des invités occasionnels. Chaque saison offre une alimentation propice aux besoins du moment : période de jeunes feuilles, d'herbes, de sève, de bourgeons, d'alliacées et de baies au printemps, fleurs, fruits, céréales et aromates en été, fruits à coques, tubercules, champignons et repousses de feuilles vertes en automne, légumes d'hiver, réserves de fruits à coques, racines, tisanes, fermentations et champignons en hiver. Pendant les périodes de sécheresse, l'orpin, la renouée faux liseron, le pourpier et l'origan sont abondants. Pendant les périodes de gel, le cresson, la barbarée et la pleurote font de magnifiques soupes.

cueillette sauvage de mars, en fin d'hiver.

Les panacées et les plantes presque toujours vertes sont une grande ressource dans notre bol alimentaire comme l'ortie, le pissenlit, le plantain, le compagnon rouge, la renouée faux-liseron, la ronce, l'armoise, l'origan, l'achilée, l'orpin, la carotte, le topinambour... Les châtaignes, les glands, l'aubépine, les noix, les noisettes et les faines de hêtre fournissent des farines et des huiles alimentaires bien plus faciles à récolter que la culture de céréales et de crucifères (brassicacées).

muffin forestier salé glands châtaignes maïtake
Après quelques expérimentations concluantes, cette année, nous allons explorer pleinement les potentiels des glands de chêne et l'huile de noix, d'après les traditions celtiques, gauloises et amérindiennes. 

séchage et préparation des glands de chêne au coin du feu de bois

Nous réalisons déjà nos vins et nos vinaigres maison à partir des fruits sauvages et des fruits glanés dans les vergers abandonnés. Les bouteilles nous servent également à troquer des services entre voisins.

Nat et Alex entrain d'extraire le jus de pommes pour fabriquer de vinaigre de cidre.

Notre autonomie alimentaire est variable selon les saisons et s'agrémente de glanage, de magasins bio et de producteurs locaux. Le printemps et l'automne sont des périodes à 90% d'autonomie, l'hiver et l'été sont faibles pour l'instant compte tenus des sécheresses, de la restauration des locaux pour stocker des aliments à l'abri et l'absence de cuisine. 

Alex dans un Pommier abandonné, opération glanage de pommes pour compote, vinaigre, cidre et vin de pomme.
A terme, nous aimerions être autonomes à 70% et plus si possible... sans renoncer à certains petits plaisirs, tant que l'organisation du monde nous le permet, comme le chocolat, le sel, des fruits secs, des farines, des huiles alimentaires, du fromage de chèvre, des poissons et du poulet de temps en temps. Alex voudrait apprendre à pêcher la truite pour être autonome aussi en poisson. Nous excluons de plus en plus les sucres et les farines, et minimisons la consommation de viande. 

A terme, le miel, les fruits, la réglisse des bois, les racines, les tubercules et les bulbes devraient nous suffire comme ressource sucrée.

rayons de miel par des abeilles noires du Morvan dans une ruche de biodiversité

L'alimentation sauvage et forestière est donc variée et notre cuisine s'améliore d'année en année. Car il faut bien le dire : tout est à réinventer. Côté recettes, l'inspiration vient en cueillant.  Les associations de plantes sont inspirantes tant pour l'agriculture que la cuisine. La synergie que procure la cuisine des plantes qui poussent ensemble, que nous appelons "cuisine biotope", améliore les plats, l'assimilation, le transit et la synergie des nutriments. Nous le ressentons physiquement et émotionnellement.

quiche ortie pissenlit ail des vignes géranium robert chèvre noix, pâte sarrazin, seigle, avoine, châtaigne

La qualité nutritionnelle et le mode de préparation des aliments sauvages font que nous assimilons de mieux en mieux les nutriments. 

jus de chardon, ortie, une panacée ! 1600ppm
Aujourd'hui, nous consommons de moins en moins de nourriture. La plupart du temps, un à deux repas par jour nous suffisent. Nous buvons moins puisque nous trouvons une eau vivante et plus de minéraux dans les jus de plantes sauvages, notamment grâce aux jus de cirses, d'orties, de pissenlits et de plantains qui contiennent +1600 ppm ( qt de nutriments par million). Notre peau s'épaissie et s'assouplie lors des cures d'ortie (protéines, silice, sélénium, fer...) et d'Astéracées (omega et huiles végétales). Les tanins améliorent nos immunités et resserrent les tissus. Notre transit s'améliore grâce aux nombreux mucilages et cires contenus dans les plantes comme les mauves, la violette, le plantain, dans la peau des fruits et autour des graines des fruits que nous avalons. Nous pouvons comparer cette différence de besoins quantitatifs avec nos invités.

Notre biome se diversifie et notre hygiène naturelle (sans détergents) s'améliore au fur et à mesure. Nous avons pu constater que l'essentiel des toxines proviennent de l'alimentation, de la pollution, du stress et des détergents. Nous nous lavons uniquement à l'eau de source, avec un usage très occasionnel du savon, et plus du tout pour les cheveux depuis plusieurs mois, sans constater de désagréments, et plutôt même une meilleure santé du corps et de la peau.

soleil couchant avec vue sur le Morvan depuis la maison

Nous remarquons aussi que notre sensibilité à la lumière, à la chaleur et à la qualité de l'air change : les visites en ville sont de plus en plus difficiles/pénibles, nos organismes et nos yeux supportent de moins en moins la lumière, la chaleur des villes et des plaines nous fatiguent, la pollution atmosphérique des voitures, des eaux usées ou chlorées. En fait, on se sent bien quand on rentre en forêt et en altitude. La simplicité, parfois même précaire, nous apporte plus de joie et de sincérité; la ville de béton nous laisse une sensation de plus en plus étrange de zoo humain, un environnement n'offrant aucunes ressources viables en cas de crises économiques ou d'effondrement de civilisation. J'ai la sensation personnelle de me promener dans un parc d'attraction avec des décors en carton-pâte et plus rien de vivant et de libre, on dirait qu'il n'y a plus de plantes ni d'animaux à part des homo sapiens, des bâtiments, des voitures et du goudron.

Comme nous prenons le temps de la transition, il est plus facile de nous organiser. Nous estimons la concrétisation de notre autonomie alimentaire, énergétique, matérielle, économique - au sens large, relationnelle - réseau et personnelle à une dizaine d'années. Nous avons amorcé ce changement il y a quelques années car l'histoire des civilisations contemporaines ou archéologiques nous apprend que l'urgence humanitaire permet peu de marges de manœuvre en cas de crise économique, sanitaire ou naturelle, voir civilisationnelle.



Voici ce dont nous pouvons déjà témoigner de notre cheminement, pour ces 3 premières années de vie dans les bois, combinées entre cueillette sauvage, producteurs locaux et magasins bio.

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