Les vergers en friche: une leçon de vie - évoluer vers un compagnonnage synergique.

verger en friche, noyers cultivés et noyers spontanés
Les forêts et les vergers en friche sont devenus nos terrains d'observation privilégiés depuis 3 ans. Nature sauvage et nature cultivée y cohabitent, parfois de manière inattendue.

Tout verger laissé à lui-même retourne spontanément à l'état naturel de santé, qu'est celui de la forêt, à travers des processus régulateurs.

Lorsqu'on leur en laisse l'occasion, les plantes optent spontanément pour des stratégies de mutualisation plutôt que de compétition. A découvrir!

Petit à petits, graines, plantes spontanées, rejets, oiseaux, petits mammifères reviennent habiter ces milieux abandonnés... ils réactivent la synergie de la biocénose du verger.

L'observation in situ et la compréhension des rôles de chacun peuvent nous aider à diversifier, optimiser et densifier les vergers cultivés.

Les stratégies de mutualisme développées alors par les plantes des vergers en friche sont une véritable leçon de vie.

La phytosociologie est l'opportunité pour les permaculteurs de réconcilier verger, potager, plantes cultivées et plantes sauvages dans une petite parcelle de 500m². Une aubaine pour les amateurs de jardinage urbain comme pour les permaculteurs-rices de forêt nourricière de voir un verger fructifier, en pleine santé et sans efforts, ou presque.




Le compagnonnage synergétique.

Le compagnonnage synergétique naît de l'observation de la
 densification spontanée des biotopes des vergers en friche ou des paysages sauvages.

Le verger cultivé naît de choix a priori faits par le jardinier, avec des espèces cultivées et souvent greffées, mais pas toujours.

Les vergers en friche, les vergers naturalisés ou spontanés témoignent des stratégies d'adaptation génétique et surtout sociable dans les biocènes phytologique, fongique, microbien et zoologique.

Dans les vergers en friche, nous observons l'évolution spontanée de la faune et de la flore qui viennent repeupler ces espaces "mixte". Nous relevons aussi les associations a priori incompatibles et observons les plantes transitionnelles qui permettent cette collaboration a posteriori dans le même biotope, comme le rôle des plantes analgésiques ou antiecchymotique.

Espèces sauvages et cultivées développent des stratégies de cohabitation et de mutualisme très intéressantes. Elles témoignent d'une capacité d'adaptation sociale, la sollicitation d'un héritage dans leur codage génétique et des capacités d'apprentissage avec la biocénose de leur biotope d'accueil. Elle remet à l'honneur la participation active des plantes dans leur survie basée sur le mutualisme plutôt que sur la logique de compétition.

Une fois le processus engagé et efficient, ces naturalisations ont un effet potentialisant pour tous les acteurs. C'est ce que nous appelons un effet synergétique.

>>> Les vergers en friche sont donc une source d'enseignement majeur en permaculture. Car ils apportent des options en terme de compagnonnage pour densifier les cultures sur des petites surfaces, même après une "erreur" de plantation.  Une des applications directe est la régénération de biotope dans les vergers.

Une symbiose aux effets potentialisants
Nous appelons "associations synérgétiques" les associations immunostimulantes complexes dont les effets se potentialisent du fait de leur association.

Une association synergique est directe, et peut concerner deux plantes uniquement, par exemple: le poireau et les fraises, l'ail et la carotte... c'est le compagnonnage tel qu'on le connait, qui est pratiqué dans les potagers bio.

Une association synergétique est multiple et indirecte, par exemple:
le noyer+ la benoîte urbaine+ le pommier. L'association directe noyer-pommier est nuisible, alors que l'association noyer+benoîte urbaine+pommier est stimulante pour les trois plantes.

Il existe des plantes dont la collaboration est possible et même renforcée en relation symbiotique "indirecte" dite triangulaire. Certaines de ces plantes ne peuvent pas pousser ensemble de manière conventionnelle: monoculture, ou biculture, ni même rotation de culture. C'est bien leur culture simultanée de manière triangulaire qui permet leur croissance, mieux, qui potentialise leurs vertus. Il y a souvent la présence d'une plante inhibitrice de croissance type plantes à bulbes ou arbres, érable, noyer, sapin. Leur toxicité potentielle existe à forte dose.

Les associations mycorhiziennes peuvent aussi être considérées comme complexes, elles sont du type : trèfle blanc+cyanobactéries+carotte, la carotte ne peut se développer sans une plante fixatrice d'azote comme le trèfle, en partenariat avec les bactéries rhizobium.

Idem pour les ponts mycorhiziens: le chêne peut s'associer au cèpe, mais l'aubépine ou le pommier ne peut pas s'associer directement au cèpe, sauf dans une relation de type pont mycorhizien.

Cela peut être vrai pour un insecte, un micro-organisme, un endophyte etc...

L'identification et la compréhension de ces associations synergétiques ont été motivées par les observations du botaniste Deleuil dnas les interactions entre la pâquerette, l'ail et la chicorée.

>>> Les bénéfices des associations synergétiques sont le stimulation des processus d'immuno-tolérance (baisse des alertes, du stress, de la production d'hormones inhibantes, atténuation des mécanismes de défense) et/ou d'immuno-défense, l'échange de propriétés médicinales. 

Voir la réversion des propriétés inhibantes, allélopathiques et toxiques en dose homéopathiques (tolérance voir bénéfique) et non plus en doses toxiques (concurrence, inhibition, compétition, parasitisme, extermination). Les espèces peuvent ainsi cohabiter et échanger leurs propriétés via un médiateur végétal ou fongique, alors que souvent, leur cohabitation directe est compétitrice voir nuisible. C'est particulièrement le cas pour les plantes et les arbres inhibiteurs de croissance ou allélopathiques. Citons par exemple la famille des juglandacées, comme le noyer et des acéracées, comme l'érable.

Le rôle des plantes médicinales, ou d'arbres, permettent alors souvent la cohabitation. Les fonctions les plus sollicitées chez les plantes synergétiques sont les propriétés calmantes, adoucissantes, analgésiques, drainantes, anti-ecchymotiques, cicatrisantes et régénératrices cellulaires.... 

Ces plantes compagnes atypiques ont des effets catalyseurs pour la croissance, la santé et la sociabilité des plantes en synergie.

Le cas des champignons lignicoles au comportement évolutif peut aussi rentrer dans cette catégorie. La frontière entre mutualisme et parasitisme devient de plus en plus mince pour certaines espèces, notamment chez les polypores, comme l'amadouvier et le fomitopsis, et les endophytes.

Des associations atypiques?
Le principe: L'ail, la pâquerette et la chicorée.
L'observation du botansite Deleuil sur la flore méditerranéenne a été un déclic dans notre travail de recherche.

Il a observé les associations suivantes:
ail+pâquerette
chicorée+pâquerette
ail+pâquerette+chicorée
mais n'a jamais observé l'association directe dans un rayon de 15-20 cm: ail+chicorée.

Explications: L'ail attaque la chicorée, et vous ne trouverez jamais dans les prairies une association de ces deux plantes sauvages dans le même périmètre sans l'association intermédiaire, ici de la pâquerette, qui, par son action antiecchymotique, analgésique et calmante inhibe les enzymes agressives de l'ail envers la chicorée.

Plus surprenant, l'association complexe des trois a une action stimulante sur chacun des partenaires (observation du botaniste Deleuil). Leur symbiose potentialise la croissance, la santé et la fructification des trois plantes. Les plantes sont en meilleure santé en poussant ensemble qu'isolément.

Il ne s'agit plus d'une compétition, ou d'une tolérance, mais bien d'une cohabitation immuno-stimulante. C'est ce que nous appelons compagnonnage synergétique. C'est une adaptation sociable acquise au delà d'une aptitude génétique - car sur la même vie de la plante. Où comment s'adapter devient une leçon de survie pour les espèces. Une leçon de vivre ensemble dont nous devrions en prendre de la graine ^^.

Partant de ce constat, nous observons les biotopes des espèces inhibitrices de croissance et relevons les associations improbables et viables dans les vergers en friche. Nous constatons au niveau de la flore essentiellement la présence de plantes compagnes qui permettent cette synergie improbable entre des plantes, qui, à priori ne devraient pas se retrouver ensemble d'après leur incompatibilité. Nous déterminons des plantes clés: les plantes médiatrices.

Voici comment des "erreurs " de jardinage se transforment en terrain d'expérimentation.
Comment les plantes arrivent-elles à se naturaliser après avoir été plantées par la main de l'homme? Comment la vie se régénère-t-elle dans un verger en friche? Comment arrivent à cohabiter des plantes à priori compétitrices l'une pour l'autre dans un verger en friche? Quel design offre-t-il en permaculture pour densifier la plantation des vergers et des forêts jardins?

Les plantes sont-elles capables de se sociabiliser dans un environnement subi?
forêt sauvage de malus sylvestri (pommier sauvage européen),
sureau, prunellier, fougère aigle, houblon, clématite,
aubépine, noisetier, chêne, châtaignier, robinier faux acacia...

forêt spontanée centenaire de saules,
d'érable champêtre, d'érable sycomore,
de chêne pédonculé, de noyers, d'hêtres,
de merisiers, de sureaux, de noisetiers,
de peupliers, d'ortie, de renoncules,
de faux riz, de fougère aigle.
L'efficacité des relations symbiotiques dans le compagnonnage classique a déjà fait l'objet de démonstrations efficientes, pratiques et théoriques, notamment en maraîchage.

De manière générale, on connait bien les stratégies d'adaptation et d'acclimatation des plantes aux températures, aux latitudes, aux altitudes, au terrain etc.

Mais on connait moins leur capacité d'apprentissage sociable et symbiotique dans un biotope cultivé donné, a priori subi (leur implantation n'est pas spontanée mais imposée par l'homme), et sur un temps court.

C'est tout l'objet de nos expéditions botaniques dans les vergers en friche, le reboisement spontané, les fruticées et les forêts sauvages.

La clé de compréhension est de retrouver les biotopes sauvages de référence des espèces cultivées, d'observer la phytosociologie qui poussent dans les vergers en friche et les fruticées, et d'analyser les nouveaux mutualismes sur le terrain qui permettent à des biocénoses différentes, voir incompatibles, de trouver un terrain d'entente sur une petite surface, sur un temps donné (de 10 à 100 ans). L'identification systématiques de plantes médicinales présentes sur les lieux est nécessaire.

Les arbres fruitiers vivent en moyenne de 30 à 70 ans, parfois 100 ans. Ils appartiennent à une flore de transition, et forme des haies foretsières ou des fruticées, qui évoluent la plupart du temps vers une forêt plus dense comme les chênaies, les hêtraies, les charmaies, les érablières, les châtaigneraies.




SUITE de l'article en cours de restructuration. Merci.

Evoluer vers un compagnonnage synergétique.
Root Physiology: from Gene to Function publié par H. Lambers,Timothy D. Colmer 2006.
Références en physiologie végétale: adapation, de résistance ou d'hinibition allélopathique (juglone, cyanure, métaux lourds, acidification, oxydation, salinité...)

> Hopkins, la respiration résistante au cyanure et les voies alternatives de transports d'électrons chez les plantes et en condition réduite en oxygène (aquaponie, hydromorphisme, altitude)

Gerhard Wieser et Michael M. Tausz: Trees at their Upper Limit: Treelife Limitation at the Alpine Timberline, 2010.
> Lambert, les inhibiteurs allélopathiques, les effets allélopathiques de la juglone (Plant Physiological Ecology, 1993; Root Physiology: from Gene to Function 2006)
>  Hauggaard-Nielson & Lansen, Facilitationg root interaction in intercrops, 2004 (Root Physiology: from Gene to Function 2006)

Les observations de terrain sur les cohabitations naturalisées et spontanées.
>>>en cours.

Etude de cas du Noyer - Juglonacées.
La réconciliation des Juglonacées et des Maloidées.

Noyer et Pommier, association intolérante
Plantes synergétiques: benoîte urbaine, plantain lancéolé, lierre terrestre, berce spondyle, géranium robert.

pour plus d'infos sur le biotope du pommier

Noyer et Poirier, association tolérante.

Les applications en Permaculture:

APPLICATION / REGENERATION DE BIOTOPE
Les associations compagnes: Noyers - Prunoidées - Rosoidées


Le Noyer, le prunier, le prunellier, le mirabellier, la ronce, le rosier, la berce et l'aubépine.
Le Noyer, le cerisier aigre, le cornouiller sanguin, l'ornithogale, la ronce, la potentille et le brachypode des bois

Les associations synergétiques: Noyers + Malloidéés + Rosoïdés  et/ou Astéracées antalgiques & antiecchymotiques + Liliacées.



Le Noyer, le plantain, la vesce et la carotte, le fromental, le dactylis, la brachypode, le liseron, le faux cerfeuil.
Le Noyer, la benoîte urbaine, la berce spondyle, les séneçon de fusch, l'ornithogale, la potentille, le lierre terrestre, le géranium robert, le knautie des champs et le pommier
Le Noyer, le cerisier cultivé, le merisier, le lierre terrestre, la benoîte, la berce spondyle, la ronce, le rosier.
Le Noyer, la benoîte, le lierre terrestre, le sénéçon des bois, le brachypode, le séneçon des bois, la potentille et le poirier.

Cultiver avec les propriétés de la juglone:
effets de la juglone sur les organismes vivants:
inhibiteur de croissance, antigerminatif, inhibiteur de respiration, inhibiteur d'hydratation, sédative sur les petits mammifères type taupe, souris, les bactéries, les nématodes et les micro organismes fongiques.

SUITE de l'article en cours de restructuration et d'actualisation. Merci.
>>> tableau en cours
plantes tolérantes à la juglone:
CORNACEES Cornouillier sanguin
CELASTRACEES Fusain
APIACEES
FABACEES robinier,
CAPRIFOLIACEES Sureau rouge, sureau noir, sureau hièble, virone obier, viorne lantane
LAMIACEES Lierre terrestre, hysope, sauge, épiaire,
OLEACEES
RHAMNACEES bourdaine, néprun
ASTERACEES
MALVACEES hibiscus, mauve,
VIOLACEES violette sp
ARACEES
LILIACEES
IRIDACEES
RENONCULACEES
SOLANACEES (certains sauf physalis)
RUBIACEES gaillet gratteron, café
PLANTAGINACEES Plantain
CANNABACEES houblon, chanvre,
APOCYNACEES Laurier rose
CUCURBITACES
ORTICACEES ortie
ROSOIDEES- MALACEES sauvages, sous conditions - Aubépine, cognassier, alisier, amélanchier, sorbier, églantier, pommier, poirier,
PRUNOIDEES Prunier, quetsch, prunellier, cerisier, cerisier aigre, merisier, abricotier, pêchier, amandier, ume,
EBENASTEES Kaki, plaqueminier,
asiminier, paw paw

plantes intolérantes à la juglone:
>>>en cours. 



Le rôle des plantes antiecchymotiques et analgésiques dans la culture des Juglonacées.



le rôle des bactéries

"Bacteria Pseudomonas J1 demonstrated that it could grow rapidly using juglone as its sole source of carbon and energy. It was determined that this bacterium had a high affinity for juglone (K s = 0.95 μg/ml). Pseudomonas J1 can also utilize other aromatic compounds from plants as its sole source of carbon and energy. Compounds such as chlorogenic acid, ferulic acid, gallic acid, and 2-hydroxy-1,4-naphthoquinone (Lawson) were rapidly degraded byPseudomonas J1. The rapid degradation of juglone and other suspected allelochemicals by soil bacteria make it unlikely that these compounds are important mediators of plant-plant interactions under natural conditions." Steven K. Shmidt.
Degradation of juglone by soil bacteria.
http://www.researchgate.net/publication/258922780_Degradation_of_juglone_by_soil_bacteria

"  " Harper et Williamson
http://link.springer.com/article/10.1007/BF01014105#page-1

Les bactéries pseudomonias peuvent intervenir localement dans la participation à tempérer la toxicité de la juglone mais ne peut garantir, à elles seules, la dégradation de la juglone dans le sol en dessous d'un niveau de toxicité. Les flux dynamiques de production permanente de juglone et la variabilité de concentration dans le sol entre le topsoil, les racines et les zones périphériques maintient l'effet allélopathique de la juglone. De plus, les conditions aérobies sont nécessaires au bon développement des pseudomonias, seules quelques espèces se développent dans des sols riches en nitrates. Hors on sait que le biotope du noyer peut tolérer des zones hydromorphiques drainantes, des zones hydromorphiques argileuses voire des sols pollués en nitrates et en nitrites à la vie anaérobiose.

On peut retenir la fonction médiatrice des pseudomonias dans la cohabitation des plantes dans un biotope de juglandacées à vie microbienne active.

Ici, dans le verger en friche, nous pouvons émettre l'hypothèse que ces bactéries puissent jouer un rôle dans les interconnections synergiques entre les plantes analgésiques, le pommier et le noyer. Si les pseudomonias ne semblent pas être suffisamment efficientes pour inhiber les effets toxiques de la juglone dans un sol continuellement alimenté en juglone, comme le topsoil par exemple, il est possible d'envisager que son rôle puisse se concentrer dans une zone de confort, à production de juglone régulée par le noyer lui-même, par un corridor délimité par les racines du cerisier aigre - contenant lui aussi une toxine inhibitrice, l'acide cyanhydrique-, par une plante analgésique comme le plantain ou la benoîte.

La combinaison de ces facteurs créerait une zone de tolérance permettant une cohabitation immédiate entre le noyer et le pommier, voir bénéfique. Notons que les variétés de noyers européens, juglans regia, sont faiblement producteurs de juglone, notamment chez les jeunes noyers de moins de 8 ans, comparé au noyer noir, juglans nigra. Il est donc tout à fait possible d'envisager que le taux de juglone passe en dessous du seuil de toxicité dans ces conditions. La baisse du niveau de toxicité du noyer et la tolérance augmentée du pommier pour trouver le juste équilibre semble permettre au pommier de bénéficier des effets bénéfiques de la juglone: antifongique, antivirale, anticancéreuse, sudorifique pour les petits mammifères pour ces racines etc...

En effet, sur le terrain, on observe l'excellente santé du pommier, des feuilles, des branches, du tronc et des fruits, la faible présence de maladies cryptogamiques ou de parasites, l'excellente production de pommes non véreuses, les parfums vanillées, le sucre, la coloration rouge de la peau, la pectine et l'huile sont détectables de visu, au toucher et au goût.

La synergie des plantes médicinales (plantain, benoite, lierre terrestre), des plantes compagnes (ail des vignes), des plantes tampon (cerisier aigre, brachypode des champs), de la juglone et de la lumière semble, en ce point précis du verger, réunir des conditions favorables à la qualité, à la santé et à la production du pommier.

Alors que des pommiers situés à l'ombre en retrait du verger semblent eux souffrir d'avantage; ils présentent d'avantage de maladies cryptogamiques, d'attaques parasitaires feuilles,branches et fruits, de branches mortes, et de processus de putréfaction plus actif. Le poirier qui se retrouve dans une zone plus éclairée semble présenter la même bonne santé que le pommier. L'action seule des plantes analgésiques et des bactéries dans le sol semblent ne pas suffire au compagnonnage entre les noyers et les pommiers. Le facteur lumière semble également intervenir.

le rôle de la lumière
Les effets allopathiques de la juglone altèrent principalement la respiration des plantes dans le cycle chlorophyllien. Le pommier se retrouve donc exposé à un stress compétitif, proche à un stress hydrique comme une inondation qui inhibe la respiration de la plante qui ferment ses stomates.

Dans ces circonstances, les plantes disposent d'une voie de respiration alternative, qui passe par l'oxydation de l'oxygène dans les parois cellulaires et la consommation de sucres et de lipides pour créer de l'énergie.

La lumière permet aux plantes chlorophylliennes de continuer à faire circuler l'oxygène et le carbone en cas de stress, notamment en cas de stress hydrique, en activant une respiration alternative, que l'on appelle respiration oxydative. 

Le facteur lumière est donc important dans le compagnonnage avec les noyers.

>>>Notre hypothèse: Les plantes analgésiques (plantain, benoîte) et les plantes tampon (le cerisier aigre, le brachypode) semblent créer une zone de confort; les bactéries faciliteraient la communication pour créer des conditions de cohabitation entre le noyer, les plantes compagnes et le pommier, pour permettre au pommier de réaliser la réaction chlorophyllienne nécessaire à sa production d'énergie. En effet, même en condition de production chlorophyllienne ralentie par la juglone, la bonne exposition à la lumière semble compenser cette carence. En effet, une plante adulte maintient son organisme avec seulement 25% d'exposition à la lumière, le reste ést stocké dans les racines pour permettre d'autres échanges. Ici, ces ressources serviraient à alimenter le pommier en énergie en lui permettant d'utiliser la voie oxydative de l'oxygène, des sucres et des lipides comme voie métabolite alternative. En situation semi-ombragée, le pommier adulte disposerait des 25% de lumière suffisante pour le maintien de son métabolisme mais pas suffisamment pour stocker de l'énergie et activer une voie de respiration oxydative alternative pour pallier à l’inhibition de sa respiration chlorophyllienne par la toxicité de la juglone, et particulièrement lorsque la concentration en juglone dans le topsoil est forte. Le pommier s'oxyderait donc et finirait par mourir des effets allélopathiques de la juglone. Certaines souches de pseudomonias pourraient même alors accélérer les processus de surinfection des attaques parasitaires ou fongiques, de putréfaction et de dégradation cellulaire? 

la respiration alternative
La respiration oxydative est une voie différente du cycle du carbone dans la photosynthèse. Lors de la photosynthèse, la plante consomme du carbone atmosphérique assimilable et libère de l'oxygène dans l'atmosphère. Dans la respiration oxydative, la plante oxyde de l'oxygène pour produire du carbone organique, non assimilable, qu'elle stocke sous forme de sucres et de lipides dans ses racines, pour ensuite les brûler.

La plante séquestre ainsi du carbone non assimilable dans ses tissus racinaires essentiellement. La plante stockent cette énergie de réserve sous forme de sucres et de lipides. Pour produire de l'énergie assimilable, la plante réalise des processus enzymatiques complexes grâce à des protéines pour libérer doucement ses ressources. Cette voie alternative a vocation à répondre temporairement à une situation de stress et ne peut se substituer à la photosynthèse. L'excès d'énergie est entièrement brûler à chaque cycle de relance de la 
photosynthèse. 

C'est ainsi qu'on observe deux pics de concentration des sucres et des lipides: 
_ au coucher du soleil et en automne: après une journée/une saison d'exposition à la lumière, la concentration des réserves est optimale. La plante, en condition de faible lumière, active donc la respiration oxydative et libère les sucres, les lipides, des huiles essentielles aromatiques et des antioxydants, pour produire de l'énergie à diffusion lente sans brûler ses cellules. Une libération directe et brutalement produirait tellement d'énergie, au delà de 60°C (de mémoire, donnée exacte à vérifier), que la plante brûlerait ses cellules.
_ au lever du soleil et au printemps: au lever du soleil, les premiers rayons réactivent la production de carbone via la photosynthèse par le système foliaire. La plante brûle donc l'excès d'énergie emmagasinée la veille dans ses racines. Et le cycle recommence. 

En hiver, cette libération est encore plus lente et plus gourmande, car la plante l'utilise pour réchauffer ses parois internes et lutter contre le gel. Dans des conditions de froids extrêmes, inférieur à 1°C, la plante transforme même sa composition chimique pour augmenter son taux de lipides et de sucres dans les cellules, en expiant l'eau en profondeur dans le sol, pour éviter que le gel éclatent ses parois exposées. C'est grâce à cette respiration oxydative que les plantes peuvent survivre dans des sols gelés en montagne ou dans les pays nordiques et en forêt boréale. Un arbre isolé souffrira sévèrement de conditions extrêmes de montagne ou de désert. La forêt permet de tempérer les variations de températures et d'humidité: il fait plus frais et plus humide en été, et plus doux et moins humide en hiver. La taille et la densité du verger importe donc sur les conditions de survie des plantes et des arbres fruitiers. Pour plus d'infos sur la survie des plantes en montagne consultez les articles de Permaculture en montagne" Comment cultiver en montagne?","Les facteurs limitants en montagne" "Comment créer des microclimats en montagne?" et bien d'autres.

Cette voie oxydative se réalise spontanément la nuit et pendant les saisons hivernales, en l'absence de lumière, car la plante a besoin d'énergie pendant 24h, alors que la photosynthèse se produit uniquement la journée. Cette voie alternative est aussi sollicitée dans les situations de stress qui perturbent le cycle de production d'énergie principale par la photosynthèse et/ou provoque la fermeture des stomates: hydromorphisme des sols, inondation, temps nuageux, sous-bois, pollution des sols par les métaux lourds et les hydrocarbures, conditions allélopathiques, altitude, surexposition des feuilles aux UVS, évaporation intensive, écart de températures importants, températures négatives, sol gelé...

En l'absence de lumière, cette voie oxydative est pas ou peu efficiente. La plante meurt par asphyxie et épuisement en quelques jours.

Dans les situations d'ombrage important, le recourt à un partenaire fongique s'avère être une condition nécessaire à la survie. Les arbres accueillent alors une mycorhization avec le réseau mycélien du sol, même s'ils ne sont pas les hôtes directs de ces champignons. On appelle cela un pont mycorhizien. Ce compagnonnage est rendu possible en la présence de l'arbre hôte principal du champignon compagnon avec le quel se développe une forme de troc dont le champignon semble être le  médiateur et le modulateur. 
+infos sur ce compagnonnage atypique dans l'article "Les ponts mycorhiziens dans une forêt jardin."

>>>La combinaison de la photosynthèse et de la respiration oxydative améliore les conditions de survie et la qualité nutritionnelle des récoltes, y compris dans les situations de stress, si l'exposition à la lumière est suffisante. 

>>>C'est aussi ce qui explique l'excellente qualité nutritionnelle et médicinale des plantes aromatiques et des fruits cultivés en montagne car leur concentration en sucres et en huiles essentielles est largement supérieure aux plantes cultivées en plaine.


>>>Dans les pays tempérés, la récolte des fruits, des feuilles aromatiques, des fleurs et des champignons est meilleure le soir, le matin, en automne après les gelées et au printemps avec la montée de l'eau de sève. 

C'est une des pratiques des vendanges nocturnes, des récoltes matinales chez les producteurs d'herbes aromatiques et de fleurs, et diurnes pour les feuilles de vignes rouges, plus riches en anthocyanes le soir. 

C'est un enjeu majeur dans la régénération de vergers dans des zones inondées, polluées, rocheuses, gélives ou montagnardes.

LA SYNERGIE
une voie alternative en conditions extrêmes
>>>La synergie noyer, plante aromatique, plante analgésique et bactéries pseudomonas montre la complexité d'un système sociale d'adaptation développé spontanément dans un biotope dense subi de juglandacées. 

La germination et le développement de nouveaux noyers spontanés, de pruniers, de cerisiers aigres témoignent d'une volonté durable d'adaptation. La question est de savoir si les pommiers vont aussi se reproduire spontanément dans cet environnement, ce qui témoignerait de la pérennité de l'adaptation à cette promiscuité écologique entre noyers et pommiers. La reproduction spontanée pommiers-noyers témoignerait des bienfaits synergétiques pour les plantes qui font le choix de pérenniser et de reproduire ces conditions de vie comme viables et favorables. Ou si les plantes vont se réguler pour reconstituer préférentiellement le biotope des noyers, en intégrant les pommiers adultes in situ, mais en ne réunissant pas les conditions de sa reproduction future in situ.

Pour l'instant, nous avons vu un rejet du pommier au niveau du tronc et un semis spontané à quelques centimètres du tronc du pommier, sous le pommier lui-même. Le pommier prépare donc au même endroit sa succession. Pour l'instant, nous observons des semis spontanés de noyers, de cerisiers aigres, de pruniers, de rosiers, d'aubépines, de cornouillers sanguins mais pas de pommiers ou de poiriers. Et la reprise d'un catalpa mort depuis un an, dans la zone de confort du pommier. Il semble donc s'organiser ici un microbiotope.

Il semble intéressant d'explorer le rôle de corridor que jouent les rejets de cerisiers aigres qui encerclent la zone de confort du pommier. Et de s'interroger sur l'interaction des enzymes inhibitrices des cerisiers aigres avec celles des noyers. Les cerisiers aigres sont tolérants à la juglone. Est-ce que l'acide cyanogénérique inhibe ou dégrade les effets de la juglone? Dans ce cas, le cerisier aigre et le prunellier deviendraient des plantes compagnes essentielles pour créer des zones de confort autour d'arbres sensibles à la juglone mais tolérants à l'acide cyanogénétique.

On remarque que chez les plantes tolérantes à la juglone, toutes la famille des prunoidées est tolérante, ainsi que les maloidées sauvages comme l'aubépine, le néflier, le poirier, les rosoidées sauvages comme la benoite, la fraise des bois, la ronce, l'églantier, la petite pimprenelle, la eine des prés, l'alchémille...

Cela permet une ouverture pour les variétés cultivées qui ont certainement perdu cette aptitude génétique au fil des sélections et des hybridations, notamment avec des variétés non européennes. Il en est de même pour les vignes sauvages qui sont tolérantes à la juglone alors que leurs homologues cultivées ne le sont plus. Cette aptitude semblent revenir dans les plantations spontanées de vignes cultivées, comme vitis vinifera riparia et vitis vinifera rupestris, que j'ai retrouvé sous et sur des noyers.

La dynamique de ce verger en friche correspond au stade limite d'adaptation de niveau 6 dans notre schéma de diversification de biotope (voir notre démarche dans l'onglet BIOTOPE). Son évolution spontanée dans le temps, en l'absence de facteurs anthropiques perturbateurs, nous permettra de valider ou d'invalider, dans ce cas précis, l'hypothèse d'une densification de biotope à ce degré de promiscuité ou pas. Il est aujourd'hui une source d'enseignement pour corriger une erreur de culture mais les observations ne sont pas suffisantes pour en déduire un modèle de compagnonnage viable sur le long terme. Il faut expérimenter différents designs de corridor et de zone de confort pour valider la reproductibilité d'un compagnonnage entre noyers et pommiers cultivés.

Le verger du grand-père est en cela un biotope test: les noyers, les cerisiers aigres, les pruniers, les mirabelliers, les aubépines, les ronces et d'autres espèces colonisent spontanément le verger, cornouillers sanguins, frêne; les merisiers et les figuiers prennent place. Le pommier en place, quasiment mort il y a 3 ans, se régénère doucement. Deux pommiers spontanés semblent avoir poussé depuis. Un noyer s'est implanté entre le cerisier et le pommier. Nous réalisons des niches de confort avec les ronces, des cornouillers sanguins, les rejets de pruniers et de cerisiers aigres. Berce, Benoîte, lierre terrestre, ail des vignes, potentille faux fraisiers, lierre, fraisiers, colonisent spontanément le terrain et forment le couvresol.

En perma synergétique expérimentale, on pourrait procéder à l'expérience de semis manuels des pommiers en place, de bouturage, de semis par digestion animale (cochon par exemple ou poule) pour observer les interactions viables ou non. Le choix d'orientations suffisamment claires comme facteur clé pour permettre à la respiration oxydative de s'opérer si nécessaire selon les pics de production de la juglone.

Permaculture design - forêt jardin
EXPERIMENTATION "LE VERGER SAUVAGE" : 
verger sauvage - expérimentation de compagnonnage synergétique.
Première étape: Nous régénérons un verger en friche malade de pruniers, cerisiers, mirabellier, pommier en un verger sauvage. Nous étudions le biotope de référence selon les relevés phytosociologiques sur le terrain. Nous travaillons sur un design intégrateur et régénérateur.
Deuxième étape: Nous densifions les espèces en suivant le rythme des stratégies de mutualisme synérgétique. Une précaution particulière est accordée aux les noyers spontanés, qui sont des inhibiteurs de croissance à cause de la juglone. Nous observons l'évolution des maladies et optons pour une maintenance selon les cas.
cataplasme de bryone sur le chancre des jeunes rejets de pruniers.
résultat immédiat, en quelques heures.
Troisième étape: Nous observerons les résultats dans la biodiversité, la croissance, la santé, les attaques, l'inhibition, l'évolution des biocènes, le développement et la fructification des arbres fruitiers. Nous avons choisi de tailler les pruniers trop malades pour leur permettre de se régénérer une fois la biodiversité revenue.
Quatrième étape: Nous observons, remarquons les succès, les erreurs, nous adaptons, diversifions et plantons les arbres/plantes manquantes à l'équilibre du biotope de référence en vue d'une forêt autonome dans plusieurs années.
Cinquième étape: Nous laisserons le verger avec le minimum de maintenance ( 1~3 fois par an) pour observer sa régénération - car nous allons déménager et le garder en verger témoin. Il constituera une niche écologique au coeur des champs industriels de céréales... un oasis pour les espèces.
Sixième étape (5-10 ans, puis 20 ans+): observation de la régénération du verger du grand père.


L'objectif est d'arriver à un système qui s'autorégule, de manière exponentielle, durablement, jusqu'à devenir une forêt fruitière semi sauvage.


Au bout de 2 ans, les résultats sont déjà positifs et étonnants!
Suivez le projet du Verger sauvage ici.

Autre:
>>> en cours
La précaution dans le choix de cultivars des vignes, des rubus et des pommiers.
Limiter le clonage, le bouturage, le greffage; favoriser les semis.

La réconciliation des Juglonacées et des Maloidées (Pommiers, Poiriers, Nashi, Cormier, Néflier, Bibacier, Amélanchier,...)
La réponse d'un ancêtre? L'aubépine Crataegus monogynia.
L'origine des pommes cultivées, le cas de la pomme du Kazakhstan Malus siierversi VS Malus sylvestris




http://www.originedelapomme.com/MalusSieversii.html
http://www.nature.com/ng/journal/v42/n10/full/ng.654.html arbre génétique de malus
http://homepage3.nifty.com/malus~pumila/apple_Crab/Malus_sieversii/Malus_sieversii.htm
http://planete.gaia.free.fr/vegetal/agricult/pommes.html#7
http://pommiers.com/noyer/noix.htm

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