Micro-organismes EM et bokashi

Ah! L'Automne! Les températures redescendent en dessous de 20°C, les soirées se rafraîchissent et nous faisons les premiers feux de bois. Dès le premier coup de vent, la forêt se pâme de son manteau de feuilles mortes. Et avec elles, les premières effluves des fruits qui fermentent sur le sol. La vie microbienne bat son plein!

C'est le moment opportun pour faire son bokashi d'automne qui va nous servir à renforcer les forces immunitaires et anti-oxydantes du sol pour l'hiver et aider l'arbre et les plantes à lutter contre le stress du froid, des blessures, du gel et de l'excès ou du manque d'eau.



bokashi, kezako?
bokashi vient du mot japonais "bokasu", qui veut dire transformer graduellement, nuancer, par
étapes.

le bokashi est le produit obtenu par la fermentation des déchets organiques, des céréales (ou graminées), des légumes&fruits de cuisine associés aux micro organismes du compost, des ferments lactiques, de la microflore de la forêt. Ces micro organismes sont appelés EM micro organismes efficaces.

Les préparations à base d'EM sont des booster de croissance pour les plantes potagères et fruitières, à condition de l'employer à bon escient et correctement, c'est-à-dire en respectant la vie du sol et le rôle des micro organismes.

La pédofaune du sol est très diversifiée. Claude et Lydia Bourguignon estiment que l'on en connait seulement 10% aujourd'hui.
On les classifie selon leur taille entre macrofaune (de 4mm jusqu'à 8cm), mésofaune (entre 0,2mm et 4 mm genre nématodes, acariens, collemboles ) et microfaune (inférieur à 0,2mm).

Il existe trois types de pédofaunes dans le sol: la faune épigée, en surface du sol, dans la litière et l'humus; et une faune endogée en profondeur dans le sol. Elles vivent dans des conditions différentes qu'il incombe de respecter en agriculture pour respecter la vie du sol et l'équilibre des cycles de la matière organique.

Les organismes de la litière au dessus du topsoil, vivent en conditions aérobies: ils vivent en présence d'oxygène. Ils dégradent la matière organique lignicellulose à la surface du sol pour la transformer en humus. Le mycélium des champignons et les gastéropodes jouent un rôle fondamental dans ce processus de dégradation de la matière organique dans la mycosphère. +infos sur le rôle des gastéropodes dans le cycle de la matière organique dans nos articles: "Cultiver avec les Limaces" et "La régénération de la matière organique en forêt."

Puis une faune médiatrice, la faune anécique comme les gastéropodes et les verres de terre par exemple, fait circuler cette matière organique à travers le sol en creusant des galeries et en y déposant ces micronutriments. Les arbres et les plantes bénéficient de ces micronutriments au niveau du topsoil, en développant un système racinaire superficiel horizontal sous le top soil.

En profondeur, au niveau du système racinaire profond, il existe une microfaune qui vit en condition anaérobiose, c'est à dire sans oxygène. Ils continuent le travail de décomposition, de recyclage et de redistribution de cette matière organique dans le sol. Le système racinaire de l'arbre quant à lui véhicule l'eau et draine le sol jusqu'au niveau des nappes phréatiques. L'argile et la roche filtre et minéralise l'eau de pluie.

Dans les composts, on retrouve la faune épigée qui intervient dans la décomposition des matières lignicelluloses et la faune bactérienne. L'équilibre entre matière carbonée et matière azotée doit être respecté. Si la matière carbonée est dominante, les champignons et la faune épigée vont permettre la création d'humus, comme en forêt. Si les matières azotées et sucrées dominent, alors le compost va fermenter et ce sont les bactéries nitrifiantes qui vont coloniser le compost; le compost va se tasser et sentir l'ammoniac.

Les micro organismes qui vivent dans des conditions anaérobioses, sans air donc sans oxygène, mais aussi sans lumière (UV), aiment les ph acides, le sucre, le carbone et l’ammoniaque ("azote fermenté"). C'est un univers propice au développement des bactéries.

Ils se développent dans la levure, les ferments lactiques du lait cru non stérilisé, une solution mère de vinaigre non stérilisé, le fromage en particulier les bleus, la pectine de fruits fermentés.

Les EM mycélien se retrouvent sous les feuilles mortes et les branches en décomposition en forêt (certaines familles sont bio luminescentes le soir).

Attention, les EM sont blancs, souvent fibreux ou bleus (comme dans le fromage par exemple). Les micro organismes pathogènes sont de couleur noir, rose, orangé ou vert. Ils ne doivent pas être utilisés pour le bokashi. Vous devez les réintégrer au compost en l'aérant bien pour favoriser les bactéries aérobies (qui respirent de l’oxygène) qui vont les digérer. Pour plus d'infos sur la vie microbienne du sol, cliquez ici.

Bon à savoir: la plupart des bactéries pathogènes disparaissent en dessous d'un PH4. Mais ce ph est alors trop acide pour les plantes. Toutes les préparations de bokashi mûres atteignent ce ph, elles sont alors diluées pour être assimilables. +infos à ce sujet dans l'article sur "La fermentation alimentaire".

Le Natural Farming existe au Japon depuis le milieu des années 30 grâce à l'initiative de Mokichi Okada et se poursuit sous forme associative dans les villages agricoles. Les peuples des montagnes et des forêts du monde entier l'emploi traditionnellement depuis longtemps comme dans les montagnes japonaises ou les forêts du Costa Rica ou du Brésil.

Pour plus d'infos sur le bokashi et les EM, consulter Teruo Higa, le chercheur japonais qui met à jour cette technique de sol vivant à Okinawa. 

EM, micro organismes efficaces.
Où les trouver?
Claude et Sylvia Bourguigon estiment que 
notre degré de connaissance des espèces du sol est seulement de 10%, 
au même niveau que l'était celle des océans jusque dans les années 60.


Comment fabriquer du bokashi maison?


Recette de référence:
* son de riz
* huile alimentaire
* farine de poisson
* mélasse
* lait cru
+ micro organismes (koji)
+ poudre de céramique EM

Vous pouvez vous procurer des produits de référence type koji sur des sites spécialisés em-france.fr

Recette sauvage: from the forest!
http://ilcasia.files.wordpress.com/2012/02/chos-global-natural-farming-sarra.pdf
Il existe une multitude de source de micro-organismes dans le sol, dans l'air et endogènes aux plantes. En moyenne, on estime que le top soil est composé à 70-75% sont de mycélia, 20-25% de bactéries et 5% de petits animaux. Cette proportion varie selon le type de sol, les biotopes (forestiers, champêtre, montagnards, arctiques, tempérés ou tropicales), les altitudes et les climats.

L'intérêt de fabriquer le bokashi directement avec les EM de votre site permet de préserver la biodiversité locale adaptée à votre site, sans induire un risque pathogène, compétitif ou peu efficient. Il soutiendra au mieux la vie de la pédofaune de votre biotope et s'implanteront beaucoup mieux. La communication entre micro-organismes et plantes sera plus efficiente, ainsi que les propriétés des micro-organismes offerts aux plantes.

C'est ainsi que dans le désert africain, des projets de reverdissement voient le jour, avec la mycorhization de jujubiers par exemple, inoculés avec des souches de micro-organismes directement prélevés dans le sable du site.

On voit se multiplier les pieds mycorhizés, la vente de mycélium et de koji "standardisés" voir "hybrides" , des souches résistantes etc, sur le marché des laboratoires agronomiques. C'est-à-dire qu'on est entrain de reproduire la même erreur que pour le clonage des semences, pour des raisons industrielles, de quantité, de reproductibilité et d'argent. Afin de préserver la biodiversité des sols, privilégiez les micro-organismes fongiques, bactériens et la pédofaune prélevés directement sur votre site. Faites appel à des biologistes si nécessaire et un laboratoire indépendant pour sélectionner des souches dans votre sol et expérimenter des plantations tests à votre échelle.

Je vous encourage à consulter toutes les manières naturelles et sauvages avant d'avoir recours à des méthodes commerciales ou industrielles.

exemple d'ingrédients utiles:
* avoine sauvage entier
* avoine sauvage germé (plus protéiné/vitaminés)
* poudre de calcaire, coquilles bio non cuits (oeufs, moule, huîtres)
* poudre d'arêtes de poisson (potasse, oméga 3)
* un peu de cendres de bois (potasse)
* semoule de charbon de bois (carbon fines particules)
* quelques feuilles mortes, branches avec EM (récupérées en forêt tôt ce matin).
* eau de source (un peu), surtout pas d'eau chlorée (laisser 8h min l'eau du robinet exposé aus UV dans une bouteille en verre sur le rebord de la fenêtre, ou incorporé un charbon de bois 8h~24h).
* fruits mûres (sucre+EM)
* solution mère de vinaigre maison.

préparation de bokashi en forêt, centre de permaculutre costa rica.
bokashi activé


Mélangez et tassez votre préparation dans un contenant en plastique alimentaire hermétique et opaque. (ou tiliser un vinaigrier) avec un robinet. Un robinet permet d'évacuer le jus de bokashi et les gaz de temps à autre.

Activez la fermentation en plaçant votre récipient fermé dans un endroit chaud toute une journée. Laisser monter la température jusqu'à +30°C mais inférieure à 40°C. La préparation doit ensuite travailler, fermenter, pendant 15 jours -1 mois selon la taille des ingrédients.

Petite astuce, je ne visse pas le bouchon à fond, pour que la pression puisse s'échapper. ;-) Vous pouvez aussi utiliser un vinaigrier.

La préparation se conserve active quelques mois à une température de 20°C, à l'ombre.

Utiliser du bokashi au fur et à mesure de vos besoins, et utiliser un bol de ce bokashi activé pour l'incorporé à vos nouveaux bokashi pour booster l'activation.

Résultat dans 1 mois! :-)

comment utiliser le bokashi?

L'effet fertilisant du bokashi est durable et compatible avec une agriculture naturelle certifiée. En effet, le bokashi est reconnu par l'Union Européenne.

La co-existence des Em avec les autres bactéries et animaux du sol boost votre jardin et vos légumes, dynamise et allège votre sol, amènent les plantes à se nourrir d'oligo éléments à disposition immédiate et à s'entraider contre les maladies en sécrétant des enzymes. Une stratégie gagnant-gagnant.

Quand mettre du bokashi? J'ai une préférence pour l'automne, car la vie du sol est optimum. Mais le début du printemps convient bien aussi, après les gelées.

L'amendement de bokashi activé/ME se fait une fois par an, c'est suffisant lorsque c'est incorporé au sol et que l'on veille à la bonne santé de son sol. Normalement, on n'a pas besoin de renouveler l'année suivante, ou en tout cas, à moindre mesure.

le bokashi a un ph acide de 3,5 en moyenne et peut être utilisé dilué à 1:500 pour un sol calcaire (8); 1:1000 pour un sol neutre (7), 1:1500 pour un ph acide (6).
- en pulvérisation (sur les plantes, en prévention ou curatif)
- incorporé en buttes (incorporé du bokashi à votre sol 1 mois à l'avance au printemps ou à l'automne avant le semis pour une action permanente)
- en dispersion sur paillis (en dispersion, pour une action immédiate, 15 jours avant plantation par pieds).

NB: la poudre calcaire de coquillages, ou d'oeuf, de céramique archaïque, ou d'algues servent à neutraliser un ph trop acide et créer un bon équilibre pour le développement des EM. (l'agar agar portée à ébullition pendant 2 minutes crée une solution gélatineuse dans laquelle les bactéries aiment se développer).

résultats sur les cultures de légumes, de céréales ou de fruits:
Les cultures en Em sont plus riches en vitamines C, en oligo éléments et en sucres que les cultures traditionnelles bio et largement supérieures que les cultures chimiques, notamment dans les feuillages intérieures de la plante.

Quelle différence entre agriculture avec EM et agriculture chimique?
Les rendements sont équivalents voir supérieurs en agriculture EM. Et surtout la qualité nutritionnelle est très différente: les légumes/céréales cultivés avec des engrais chimiques azotés contiennent +30% de nitrates que dans une culture naturelle EM, avec un rapport vitamines C/nitrates alarmant, jusqu'à deux fois plus faible!

Par exemple: 
/1 kg de céréales type colza EM contient 56,9 mg de vitamines C par rapport à sa teneur en nitrates contre 37,6 mg pour les cultures sous engrais chimiques; le rapport va jusqu'à 140 mg vitamines C en EM contre 39.5 en agriculture chimique dans les feuilles intérieures.
/ 1kg de légumes feuilles type moutarde épinard contient 60,0 mg de vitamines C par rapport à sa teneur en nitrates contre 35,3 en agriculture chimique. le rapport va jusqu'à 65.6 en a.em contre 47,3 en a.c. pour les feuilles intérieures.
>>> enquête japonaise à consulter dans l'ouvrage EM, Les micro organismes efficaces pour le jardin de Tatsuo Kuroda.

Les nitrates sont pathogènes: ils participent à l'oxydation des cellules.
En excès, ils sont cancérigènes.
La vitamine C, elle, participe à l'antioxydation de la peau et des cellules.
Sans parler des facteurs de contamination par les perturbateurs endoctriniens & co!

Cette étude concernent des espèces cultivées, avec une pratique monoculture majoritaire. Les résultats sont a priori à revoir à la hausse dans le cadre de notre expérimentation en permaculture & agriculture sauvage.

Nous testons le EM en polyculture sur buttes, et sur des légumes sauvages types légumes feuilles, légumes racines, plantes aromatiques, et fruits sauvages.

Précautions d'usage du bokashi

ATTENTION: Un excès de nutriments entraîne la putréfaction des racines, un excès de feuille et donc d'azote, le développement de bactéries pathogènes ou de décomposition qui vont accroître la compétition entre bactéries. En apparence, rien à signaler. Mais l'issue est souvent fatale: d'ici 2 à 3 ans, c'est la mort des EM de votre buttes ou de votre potager et l'apparition de maladies et de parasites. Cette réaction en chaîne rend votre sol malade. C'est l'état actuel dans lequel se trouve la majorité des champs de grandes cultures avec les engrais chimiques et les pratiques agroindustrielles mécanisées qui saccage la terre et la vie du sol.

Toute présence de moisissures vertes, oranges ou roses ou de mucus visqueux signale la contamination par les bactéries nitratophiles. Le bokashi ou le vinaigre est raté! Vous ne devez pas l'incorporer dans le potager. Vous devez le réintégrer au compost avec de la matière brune en veillant à bien l'aérer.

Veiller donc à enrichir votre butte régulièrement, à chaque mi saison et pendant les périodes sèches, de matière carbone type paillis, feuilles mortes, sciure de bois, petit brf etc. qui sont la nourriture principale des EM.

>>> microfaune:
http://www.fnh.org/naturoscope/FF.htm
http://www7.inra.fr/dpenv/depric49.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guide_phylog%C3%A9n%C3%A9tique_illustr%C3%A9_de_la_faune_du_sol
http://tpe-agroecologie.e-monsite.com/pages/content/nouvelle-maniere-de-produire/microbiologie-des-sols.html
>>> étude/rapport/ autre ressources: www.bokashicycle.com
1ère conférence de Kyusei natural farming with effective micro organism Asie 1989 compte rendu en pdf ici: http://pdf.usaid.gov/pdf_docs/PNABK540.pdf
4ème conférence de Kyusei natural farming with effective micro organism en Europe 1995: http://www.teraganix.com/4th-Conference-book-p/6004.htm
kyusei natural farming ave EM - le manuel en pdf ici http://www.apnan.org/APNAN%20Manual.pdf
http://ilcasia.files.wordpress.com/2012/02/chos-global-natural-farming-sarra.pdf
http://www.ctahr.hawaii.edu/sustainag/news/articles/V14-Wang-KNF.pdf
http://natural-farming.weebly.com/about-mr-cho.html
http://natural-farming.weebly.com/nf-recipes.html
http://www.rexresearch.com/agro2/0agro1.htm#biodferm agriculture fermentée
http://www.organicagcentre.ca/NewspaperArticles/na_chantal_hamel_nb_f.asp
sur la mycorhization: étude de la fao http://www.fao.org/docrep/007/y5053f/y5053f0d.htm
à consulter: l'étude de croissance en forte concentration de CO2
" Chemical changes to leaf litter from trees grown under elevated CO2 and the implications for microbial utilization in a stream ecosystem" Steven T. Rier, Nancy C. Tuchman, and Robert G. Wetzelhttp://www.luc.edu/media/bio/tuchman/rier05.pdf
bactéries bokashi http://link.springer.com/article/10.1007/s00217-010-1401-9#page-1
Koji fermentation based on extracellular peptidases of Flammulina velutipes:
http://link.springer.com/article/10.1007/s00217-010-1401-9#page-1

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