Mycogardening: champignons symbiotiques & arbres fruitiers.


Les champignons sont les meilleurs compagnons des arbres. Diversifiez vos récoltes grâce aux champignons gourmets et médicinaux. Il existe des champignons pour toutes les saisons, printemps, été, automne et même hiver.

Oronge - Amanite des Césars
champignon symbiote
du chêne et du châtaignier,
sur sol siliceux et acide
été 2011.
très recherché!
Bolets, cèpes, coprins,  lépiotes, coulemelles, amanite des césars,
 girolles, chanterelles, russule, trompettes des morts, truffe... Quel bonheur de partir à la cueillette aux champignons, dans le but de trouver des champignons mais aussi des spores et du mycélium pour inoculer les arbres de votre forêt jardin.

Pommier, Poirier, Rosier, Chêne, Châtaignier, Noisetier, Hêtre, Sapin, Genévrier, Tilleul, Pin pignon... Ils sont tous potentiellement hôtes de champignons, directement ou indirectement. A chaque essence ses variétés de champignons.

La culture de champignons symbiotiques type cèpe est plus délicate et aléatoire que celle des champignons saprophytes type pleurote. Les champignons basidiomycètes ne se domestiquent pas, et c'est heureux ainsi. Le mycélium vit en symbiose avec un arbre ou une plante hôte, il faut donc les cultiver ensemble. Votre forêt jardin vous le rendra.

La culture de champignons symbiotiques sur des essences forestières se fait directement en extérieur, idéalement dans une forêt jardin ou en pépinière avec une bonne qualité de substrat. Les champignons ectomycorhiziens fructifient sur des arbres âgés de 10 à 15 ans en moyenne.






La culture de champignons symbiotiques sur des arbres fruitiers, qui plus est de variétés domestiques, se fait indirectement, via des ponts mycorhiziens. Ils doivent être associées à des essences forestières pionnières comme le chêne, l'hêtre, le charme, le pin etc. Les arbres fruitiers sauvages sont de bons candidats potentiels: pommier sauvage, noisetier, aubépine...

Les arbres fruitiers se développent préférentiellement avec des mycorhizes arbusculaires en interactions avec des bactéries fixatrices d'azote - donc dans le sol et invisibles à l'oeil nu. Mais ils peuvent aussi accueillir des ectomychorizes dans un système forestier mixte avec des essences mères comme le hêtre, le charme, le chêne et le pin par exemple. Ces essences forestières sont les hôtes symbiotiques des champignons ectomycorhiziens comme le cèpe, les girolles, les bolets, les russules, les lactaires etc.

Dans les forêts, les fruitiers sauvages peuvent bénéficier du réseau symbiotique en créant des ponts mycorhiziens avec les champignons. C'est ce qui se passe dans les fruticées en transition vers une forêt de grands feuillus, notamment avec les noisetiers, les aubépines, les pommiers sauvages, les alisiers etc. Le sucre des fruits, de la sève et des racines motivent les champignons à coloniser leur système racinaire.

Pour plus d'infos à ce sujet, consulter "le biotope des morilles" et "le biotope du pommier".

cèpe, pommier, aubépine et hêtre.
Observation de terrain en cours: l'année dernière, j'ai trouvé des petites pommes sauvages au parfum enivrant mais infectes à manger, comme c'est la réputation des pommes sauvages d'Europe comparées aux pommes sauvages de Khazak. La pomme khazak aurait développée son goût sucré et juteux grâce à la sélection de l'ours miel, amateur de miel et de saveurs sucrées (voir l'Association pour la pomme de Khazak). Alors que notre animal amateur de pomme sauvage d'Europe est le sanglier, qui tolère l'amertume des tanins des glands de chêne. Cette année, où j'ai trouvé pour la première fois des pommiers sauvages dans une forêt de hêtres et de charmes hautement mycorhizée en cèpes d'été, bolets des charmes, russules, marasmes, amanites et cèpes bronzés - surement en cèpe de bordeaux aussi (à vérifier cet automne). Dans cette même forêt, à quelques mètres, j'ai trouvé une hydnelle, un champignon en voie de disparition qui colonise les vieilles forêts de feuillus d'Europe et aussi des tramates versicolore. Autant dire que ce spot est riche en mycélium et en relation symbiotique. La surface couverte de cette zone particulière fait une centaine de mètres carré, peut-être moins. Les sangliers, les écureuils, les oiseaux, les limaces, les escargots de bourgogne sont présents. Les graines de pomme de germe pas spontanément, elles ont besoin de passer par la flore intestinale d'un sanglier par exemple pour détruire sa paroi et activer sa germination. Le champignon et la putréfaction de la pomme sur le substrat riche en mycélium pourrait servir d'agent germinatif, comme un système digestif, favorisé par l'action des limaces? 
Ce pommier semble mycorhizé par le cèpe grâce à un pont mycorhizien ou une germination symbiotique (voir la photo). 

J'ai goûté et mangé toute la petite pomme sauvage, au parfum enivrant, à l'acidité prononcée certes mais comestible, comme une Granny smith et on est que le 1er août, autant dire que le froid n'est pas venu activer les réserves de sucres des fruits sauvages. Cette petite pomme sauvage peut-être utilisée comme substitut au citron dans un jus régénérant ou dans une vinaigrette.

Il y a un autre pommier sauvage dans le bois de l'autre côté du chemin (autre flore) au pied d'un chêne. Je vais goûter et comparer les pommes et getter l'apparition de champignons ectomycorhiziens, s'il y en a. Beaucoup de facteur entrent en jeu et l'observation limite toute vérification. Il pourrait très bien s'agir d'un adn, d'une saison, d'un sol particulier. Mais comme tout est en interconnexion, je me permets de rêver à un rapprochement entre le cèpe d'été et le pommier ^^, vu l'appétence des champignons d'été pour le sucre.


J'ai gardé le mycélium du cèpe au niveau du pied et les graines fraîches de la pomme que je vais semer ensemble. L'idée test est que le mycélium va digérer la pellicule de la graine et pénétrer ensuite les cellules du radicelle et du plantule. Cette expérience avec des saprophytes fonctionnent (cf. Paul Stamets). Qu'en est-il pour les symbiotiques?
Un test 1 est fait dans du carton humide avec de l'eau de pluie. Le test 2 se fait en pot, directement en terre.
Advienne que pourra.
















Il se passe le même phénomène avec les espèces semi saprophytes comme la morilles et la pleurotes eryngii. Les morilles pullulent sous les pommiers abandonnés dont le sol se gorge en pectine et en sucre, puis en ammoniaque du à la femrentation de spommes tombées sur le sol. Idem pour les coings. La pleurote du panicaut peut migrer des racines du panicaut champêtre vers celles d'autres astéracées comme l'artichaut, les topinambours et même des carottes. Ce sont des migrations spontanées. Pour plus d'infos à ce sujet, consultez notre article sur les champignons et les légumes Mycogardening: les légumes et les champignons saprophytes.

Pour plus d'infos sur la relation symbiotique des champignons avec les arbres, les bactéries et le mycélium, consultez nos articles:
> la mycorhization, booster de croissance pour fruits et légumes.
> les fixateurs d'azote
> les ectomycorhizes pour les arbres fruitiers, les résineux et les plantes vivaces.
> comment cultiver des mycorhizes
> le réseau racinaire









Comment inoculer des arbres fruitiers ou forestiers?
Méthode 1:  la dispersion aérienne. 
Récoltez les chapeaux mûrs des champignons et suspendez-les dans un petit sac de tulle sous les arbres hôtes. Le vent s'occupera de la dissémination des spores. Ce procédé est certes aléatoire mais recommandée pour une implantation durable. Préparez au mieux le sol près des arbres à inoculer (brf humide) pour favoriser l'implantation des spores, arrosez régulièrement sans détremper. Si possible, choisissez de répandre les spores au dessus d'une taupinière.

Méthode 2: l'inoculation in vitro. 
Récoltez les spores sur un chapeau mûr, avec un procédé de reproduction en laboratoire, réalisable à la maison avec des conditions d'hygiène et un équipement adéquat.

Méthode 3 : l'inoculation in vivo.
Récoltez le pied et le mycélium d'un jeune champignon. Inoculez immédiatement les racines du plantule ou du jeune arbre. Plantez votre arbre dans de la terre de taupinière provenant du terrain de récolte mélangée à celle de votre terrain. La compétition bactéries/pathogènes est forte et peu de résultats. Mais les succès obtenus sont eux durables. Le mycélium va encoder cette relation symbiotique avec l'arbre fruitier et va ensuite multiplier ses ramifications à d'autres arbres fruitiers de votre verger en échange du sucre

Méthode 4 : l'inoculation symbiotique.
Récoltez des champignons mûrs. Créez un mycocompost au pied de votre arbre à inoculer ou au milieu de votre butte potagère. Les limaces mycophages (quasiment toutes les espèces) mangent les champignons frais ou en phase de décomposition (moins de 24h). Les spores ne sont pas digérés par le système digestif des limaces. Elles vont donc répandre les spores dans leurs excréments avec tous les nutriments probiotiques pour leur développement. Et participent ainsi à nourrir la faune, notamment les ver de terre.


Les gastéropodes sont les hôtes symbiotiques de la mycoflore des systèmes forestiers.
Dans une forêt jardin, vous pouvez positionner votre mycocompost au dessus d'une taupinière pour bénéficier des services de la taupe. Elle mangera les limaces si vous ne voulez pas les voir prospérer, mais risque dans ce cas, de limiter la propagation des spores. A vous de choisir l'option qui correspond le mieux.

Pour plus d'infos à ce sujet consultez notre article "Cultiver avec les limaces", "Planter avec les taupes".


Bon à savoir: les champignons symbiotiques ont en moyenne besoin de 15-20 ans pour fructifier. La meilleure possibilité reste aujourd'hui la dissémination des spores sur des substrats favorables au pied des arbres hôte dans un milieu forestier. Nos chers champignons symbiotiques restent, pour l'heure, sauvages et non domesticables à l'échelle industrielle. Seuls quelques essais expérimentaux portent leurs fruits, avec plus ou moins de réussite.
mycélium de boletus edulis
La culture d'un champignon symbiotique comestible la plus connue est... la truffe sur chêne vert ou sur noisetier. Des plants prémycorhizés par l'INRA sont disponibles à la vente chez les revendeurs spécialisés. Ici, le but est d'expérimenter la reproduction de champignons, de la souche au fruit.




Le chêne et les cèpes :
mycélium: cèpe, bolets, (souche sauvage -24h)
arbre hôte: jeune plant forestier de chêne, si possible un plant issu de l'arbre hôte.
substrat: + échantillon de terre autour du mycélium (1 poignée suffit, voir un petit échantillon si vous êtes équipé).
inoculation: dans les 24h

L'inoculation des racines du chêne avec le mycélium doit se faire dans les 24heures; si c'est possible, effectuer ce contact lors de la cueillette avant de les réunir dans votre sac de transport (kraft, jute). Le transport a l'avantage de "secouer" les spores et le mycélium va se propager. Au Japon, dans la culture traditionnel du shiitake, on taper les rondins de bois à l'aide d'une masse en bois pour activer le mycélium.

Astuce: les feuilles de chêne et de fougères sont réputées répulsives pour les gastéropodes, en particulier les limaces mycophages.

Les taupes et le mycélium.
Les taupes jouent un rôle essentiel dans la dissémination des spores et du mycélium des champignons. En forêt, c'est grâce aux taupes et aux limaces que le mycélium gagne du terrain. Le mycélium emprunte les galeries, où il y trouve également les déjections des taupes et les cadavres d'autres insectes pour se nourrir. Il se loge dans les nids ou les taupinières pour se développer et fructifie en surface. Les amateurs de morilles et de champignons en général repèrent les taupinières pour espérer une cueillette fructueuse. Pour la culture de champignons symbiotiques en extérieur, il est d'ailleurs conseillé de favoriser les dissémination sur les taupinières: la terre y est ameublie et le sous sol offre un réseau prédisposé pour le mycélium, comme une cave.

https://www.micosegur.com/las-colmenillas-y-los-topos/
Planter un arbre dans les taupinières favorisent la mycorhization de vos arbres.
Noisetier et bolet des charmes
Lorsque l'on sait que les pommiers font partie des arbres hôtes de la morille commune, on met à profit arbre fruitier, culture de morille et taupinière. Et vous pouvez décliner pour d'autres champignons comme les cèpes, les tricholomes de la Saint Georges, les amanites etc... C'est une bonne nouvelle pour améliorer la culture de champignons symbiotiques dans une forêt jardin. Bonne expérience à tous! Pour plus d'infos sur les taupes, consultez notre article "Planter un arbre avec les taupes".
Taupinière et cèpe d'été


morille sur taupinière

Noisetiers Charmes et cèpes d'été.
les champignons symbiotiques pionniers
l"Amanite tue mouche est un champignon pionnier des espaces forestiers, en particulier en montagne sous les résineux, mais aussi sous les feuillus en sol calcaire. L'Amanite tue-mouche est toxique! Son rôle est écologique et biodynamique dans une forêt jardin.

les champignons compagnons:
tramates versicolor.
Le cas particulier du polypore du bouleau, du chaya et de ganoderma.
Ces champignons rencontrés sur des arbres malades, vieux ou abîmés sont des parasites, et recyclent la cellulose de l'arbre mourant provocant sa décomposition. Plusieurs recherches et observations montrent que ces champignons sont capables d'une relation symbiotique lorsqu'ils se trouvent sur un arbre sain; ils entament leur fructification uniquement lorsque l'arbre vieilli ou tombe par terre suite à une intempérie. (suite à venir).

les champignons parasites des arbres fruitiers
Attention aux armillaires et aux polypores soufrés.


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